Ingrid Bergman [ˈɪŋːrɪd ˈbærjman] est une actrice suédoise, née le à Stockholm et morte le à Londres.
Elle avait déjà tourné quelques films en Suède lorsque le producteur David O. Selznick lui propose en 1939 de reprendre le rôle principal du remake américain d'Intermezzo, ce qui la fait connaître dans son pays. Sa carrière internationale est lancée et sa popularité s'accroît de films en films : Casablanca, Pour qui sonne le glas, Hantise (1944), qui lui vaut l’Oscar de la meilleure actrice, puis Jeanne d'Arc en font la star mondiale la plus désirée et la mieux rémunérée.
Elle connaît son apogée avec trois films d'Alfred Hitchcock : La Maison du docteur Edwardes, Les Enchaînés et Les Amants du Capricorne.
Elle fait scandale lorsqu'elle part rejoindre le metteur en scène Roberto Rossellini, laissant derrière elle son mari et sa fille. Elle tournera avec lui Stromboli (1950). Les attaques conjointes de groupements religieux, d'associations féministes et même de politiciens la font bannir du cinéma américain pendant sept ans. En 1956, elle tourne à Paris dans Elena et les Hommes de Jean Renoir, puis à Londres dans Anastasia d'Anatole Litvak, qui lui vaudra un deuxième Oscar.
Ingrid Bergman est considérée comme l’une des plus grandes actrices de l’histoire du cinéma. En 1999, le classement « AFI’s 100 Years… 100 Stars » de l’American Film Institute l'a classée quatrième au panthéon des plus grandes actrices du cinéma américain.
Ingrid Bergman naît le à Stockholm. Sa mère, Friedel Henrietta Adler, qui est allemande, avait perdu auparavant un premier enfant mort-né et un deuxième mort sept jours après sa naissance. Friedel Bergman née Adler meurt d'une jaunisse lorsque sa fille a tout juste trois ans. Son père, Justus Bergman, qui est suédois, élève sa fille seul et meurt d'un cancer, le : elle a alors quatorze ans. Elle est ensuite confiée à l'une de ses tantes, puis passe son adolescence chez un de ses oncles.
Ingrid Bergman entre à la Kungliga Dramatiska Teatern (Dramaten) de Stockholm pour un an, période pendant laquelle elle fait ses débuts au cinéma. Elle interprète une femme de ménage dans The Count of the Old Town (en), sous la direction de Gustaf Molander — avec qui elle tournera à six autres reprises dont Intermezzo en 1936 — , ce qui changera sa vie.
C'est grâce à ce film, où elle interprète une jeune professeur de piano dont tombe amoureux le père de son élève, qu'elle est remarquée par le producteur d’Autant en emporte le vent, David O. Selznick. Ce dernier produit l'adaptation américaine d'Intermezzo où Ingrid Bergman tient à nouveau le rôle principal. Le film est un succès et lui ouvre les portes d'Hollywood. Elle est décrite comme un « illustre cadeau de la Suède à Hollywood. » Selznick lui propose d'américaniser son nom, ce qu'elle refuse, et lui fait signer un contrat d'une durée de sept ans. Ils ne feront que deux films ensemble au cours de cette période. Le producteur loue ainsi l'actrice à plusieurs studios. Il la négociera notamment 125 000 dollars à la Warner pour Casablanca.
Dès lors, Ingrid Bergman tourne avec les plus grands acteurs hollywoodiens sous la direction de réalisateurs fameux. Si elle tourne relativement peu de films, elle reste fidèle à quelques réalisateurs, comme Alfred Hitchcock. Elle tient la vedette dans quelques longs métrages comme La Famille Stoddard de Gregory Ratoff, La Proie du mort de W. S. Van Dyke ou encore Docteur Jekyll et M. Hyde de Victor Fleming. Ces différents rôles lui permettent d'améliorer son jeu d'actrice.
En 1942, dans Casablanca, elle incarne le personnage d'Ilsa Lund, qui séduit Rick Blaine, joué par Humphrey Bogart. Il s'agit de son rôle le plus célèbre qui fait d'elle une star mondialement connue.
Deux ans plus tard, Ingrid Bergman obtient sa première présélection pour l'Oscar de la meilleure actrice avec Pour qui sonne le glas (For Whom the Bell Tolls) de Sam Wood, où elle côtoie Gary Cooper. La statuette est finalement obtenue par Jennifer Jones. Ingrid Bergman gagne néanmoins la récompense l'année suivante pour son rôle d'épouse psychologiquement fragile, victime d'un leurre machiavélique dans Hantise (Gaslight) de George Cukor. Elle reçoit sa troisième nomination consécutive pour l'Oscar de la meilleure actrice avec le film Les Cloches de Sainte-Marie (The Bells of St. Mary's) en 1945.
En 1946, elle donne l'une de ses interprétations les plus marquantes, aux côtés de Cary Grant, dans le film d'espionnage Les Enchaînés (Notorious) d'Alfred Hitchcock. Jeanne d'Arc (Joan of Arc) de Victor Fleming lui vaut une nouvelle présélection en 1948.
C’est à cette époque qu’Ingrid Bergman a une aventure amoureuse avec le photographe Robert Capa longtemps demeurée secrète et racontée dans le roman documentaire ‘´L’amour était presque parfait’´de Jean-Michel Thénard paru en 2023.
En 1949, Ingrid Bergman rencontre le réalisateur Roberto Rossellini dont elle admirait les films. Alors qu'elle joue dans son film Stromboli (1950), ils tombent amoureux et elle quitte l'Amérique et son mari, Petter Lindström, à qui elle laisse la garde de leur fille, Pia, et s'installe en Italie avec Rossellini, qui pour elle a rompu avec Anna Magnani, ce qui provoque un scandale aux États-Unis. Elle l'épouse et le couple a trois enfants.
Elle tourne quatre autres films sous la direction de Rossellini, ouvrant la période dite des « Bergman-films » et marquant une étape décisive dans leurs carrières respectives : Europe 51, Voyage en Italie, La Peur et Jeanne au bûcher. Avec le rôle principal dans Anastasia d'Anatole Litvak (1956) (qui en fait l'héritière inconnue de la couronne des Romanov, massacrés après la révolution russe), Bergman fait son grand retour à Hollywood et remporte l'Oscar de la meilleure actrice pour la seconde fois de sa carrière.
Cette récompense a donc valeur de pardon accordé par le « métier »[réf. souhaitée] à la star pour ses escapades italiennes. La comédienne, revenue au zénith, alterne plusieurs rôles dans des films américains et européens. Elle obtient le troisième et dernier Oscar de sa carrière, le seul en tant qu’actrice dans un second rôle, pour sa participation au Crime de l'Orient-Express (Murder on the Orient Express) en 1975. Deux ans plus tard, elle interprète le personnage de Charlotte, pianiste virtuose mais mère indigne, dans Sonate d'automne (Autumn Sonata) d'Ingmar Bergman, pour lequel elle reçoit sa septième nomination aux Oscars. Ce dernier rôle pour le grand écran est considéré comme l'une de ses prestations les plus abouties.
Elle a présidé le jury au Festival de Cannes en 1973.
En 1982, le jour de son soixante-septième anniversaire, Ingrid Bergman meurt à Londres des suites d'un cancer du sein détecté neuf ans plus tôt. Son corps est incinéré au cimetière de Kensal Green. Une partie de ses cendres est dispersée en mer à Fjällbacka en Suède, l'autre partie est inhumée au Norra begravningsplatsen (« cimetière du Nord ») de Stockholm.
Elle est morte seulement quelques jours après sa compatriote, l'actrice suédoise Ulla Jacobsson, également atteinte d'un cancer, et deux semaines avant une autre actrice de légende, Grace Kelly, dans un accident de voiture.
Pour le premier anniversaire de sa mort, plusieurs de ses amis et parents vinrent l'honorer au Festival du cinéma de Venise. Parmi eux, Gregory Peck, Audrey Hepburn, Charlton Heston, Walter Matthau, Roger Moore, Olivia de Havilland, Claudette Colbert et le prince Albert de Monaco étaient présents.
Le premier mari d’Ingrid Bergman, Petter Aron Lindström, né en 1907, est le père de sa fille Pia (pour Petter Ingrid Aron), née le . Il rejoindra Ingrid Bergman aux États-Unis et obtiendra son diplôme de médecin à Rochester.
Dans son autobiographie, Ma Vie (My Story), qui fut un livre à succès, Bergman révèle sa liaison avec le photographe de guerre Robert Capa qui dura deux ans. Il travaillait alors comme photographe de mode et de plateau pour l'American International Pictures[réf. nécessaire], notamment pour le film d’Alfred Hitchcock Les Enchaînés. Hitchcock s'inspira de l’idylle du couple pour écrire le scénario de Fenêtre sur cour.
Avec le metteur en scène de théâtre Lars Schmidt, qui fut son mari de 1958 à 1975, elle possédait, sur la côte suédoise, une île nommée Danholmen.
Elle fut un temps la belle-mère de Martin Scorsese, lorsque celui-ci épousa sa fille, Isabella Rossellini.
Ingrid Bergman parlait couramment le suédois, l'allemand, le français, l'anglais et l'italien. Elle n'avait aucun lien de parenté avec son compatriote le réalisateur suédois Ingmar Bergman.
C'est en 1948, après avoir vu Rome, ville ouverte, qu'Ingrid Bergman écrivit à Roberto Rossellini pour lui proposer de travailler avec elle :
« Cher M. Rossellini,
J'ai vu vos films Rome, ville ouverte et Païsa, et les ai beaucoup appréciés. Si vous avez besoin d'une actrice suédoise qui parle très bien anglais, qui n'a pas oublié son allemand, qui n'est pas très compréhensible en français, et qui en italien ne sait dire que « ti amo », alors je suis prête à venir faire un film avec vous. »
— Ingrid Bergman
Elle accepta le rôle du film qu'il avait alors en préparation, Stromboli. Ils se marièrent le et eurent trois enfants : le un fils, Roberto Ingmar Rossellini ; le les jumelles Isabella Rossellini (future actrice) et Isotta (qui sera professeur d'université). Cette relation suscita un scandale : Bergman, enceinte au moment de son mariage, fut présentée comme « l'apôtre de la dégradation d'Hollywood »[réf. nécessaire] et contrainte à quitter les États-Unis d'Amérique. Au cours des années suivantes, elle apparut dans quatre autres films de Rossellini, dont Voyage en Italie (1954), film très important, considéré par plusieurs critiques des Cahiers du cinéma comme étant le premier « film moderne ». Rossellini et Bergman ont divorcé le .
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